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			[Français] Le jardin compte parmi les plus anciennes 
			créations de l’homme. La Bible le présente comme le berceau de 
			l’humanité, et la plupart des religions lui font une place dans 
			leurs mythes des origines. Il pourrait, en raison de son grand âge, 
			revendiquer une place d’honneur dans notre panthéon culturel ; mais 
			il n’en fait rien car la prétention n’est pas son fort. Il peut 
			apparaître dans un fond de cour qu’il égaie de quelques marguerites, 
			ou à côté d’une petite ferme, sous la forme d’un carré de légumes, 
			et ceci ne l’empêche nullement de se parer de broderies magnifiques 
			pour installer un palais dans son paysage. Véritable Protée, il nous 
			étonne par ses perpétuelles métamorphoses, et pourtant il reste 
			toujours dans son rôle qui est de nous inviter à reprendre contact 
			avec la nature et de nous laisser aller au pur plaisir d’être en sa 
			compagnie. 
			Entendons-nous bien sur ce qu’on appelle des choses 
			simples ; on peut être simple quand on reste le plus près possible 
			de la nature : dans le potager d’une ferme, une belle salade, un 
			beau dahlia sont à leur place, et c’est bien ainsi. Mais le jardin 
			blanc de Sissinghurst, simple lui aussi, est une tout autre affaire. 
			Sachant que dans la campagne une fleur blanche surprend par sa 
			pureté presque insolente, Victoria Sackville-West a transposé cet 
			effet et elle l’a intensifié en le multipliant dans un espace clos. 
			Qui aime la nature dans sa simplicité première appréciera toujours 
			ce genre de création : le jardinier-paysagiste prend la fleur pour 
			ce qu’elle est mais en même temps, il la transcende par son travail 
			d’artiste. Et ce travail est tout aussi difficile que celui de 
			l’architecte et que celui du peintre auxquels il s’apparente de 
			différentes façons. 
			Prenons le peintre. Déjà à Pompéi, des bouquets 
			étaient peints à fresque sous les portiques qui menaient au jardin ; 
			leurs couleurs fraîches sont restées sur les murs quand le Vésuve a 
			pétrifié la ville au premier siècle de notre ère. Au Moyen Âge, le 
			pré fleuri que l’on retrouve dans les tapisseries, déroulait son 
			gazon délicat sous les pas des seigneurs et des trouvères ; les 
			jardins réguliers de la Renaissance et de l’âge baroque s’ornaient 
			de broderies multicolores qui font toujours le charme de Villandry, 
			de Versailles et de tant d’autres jardins de cette époque ; quant 
			aux jardins paysagers qui se répandirent dans toute l’Europe, ils 
			mirent la peinture à l’honneur plus que tous les autres. « Peignez 
			quand vous plantez ! » disait Pope, le plus éloquent peut-être des 
			partisans d’un style alors nouveau ; et de fait, il suffit de se 
			promener à Stourhead, en Angleterre, pour voir combien l’importation 
			d’essences étrangères, américaines notamment a permis de varier la 
			« palette » du paysagiste. Et que dire des grands jardins des deux 
			siècles derniers dont les corbeilles de fleurs et les mixed-borders, 
			au Bois des Moutiers, à Apremont et ailleurs dans le monde se sont 
			souvent inspirées des instructions de Chevreul, le chimiste 
			théoricien de la couleur qui fut aussi l’autorité scientifique des 
			Impressionnistes, Monet en tête. Et Monet, faut-il le rappeler, n’a 
			cessé de modeler, de planter et d’orner Giverny pour le peindre 
			pendant plus de vingt ans. 
			Le mot même de modeler nous rapproche de 
			l’architecte. Il nous rappelle que pendant longtemps ce sont les 
			architectes qui ont dessiné les jardins, et qu’aujourd’hui encore le 
			titre d’architecte-paysagiste est celui que l’Etat décerne aux 
			étudiants qui se destinent à la création des jardins . Remarquons à 
			ce propos que l’anglais dit landscape gardener, jardinier 
			paysagiste et non architecte paysagiste, sans doute cause des 
			différences entre les grandes traditions de nos deux pays, l’une 
			très attachée à Le Nôtre et à ses jardins solidement structurés, 
			l’autre à Brown qui lui, suivait le précepte de Pope. Mais Brown, 
			lui-même, et avec lui tous les paysagistes du XVIIIe° siècle, ont 
			largement modelé leurs jardins. Tout en jetant l’anathème sur les 
			formes géométriques, ils ont barré des rivières pour obtenir des 
			lacs, éclairci des bois, déplacé des rochers, ménagé des cascades et 
			tout cela pour que la nature soit enfin elle-même. 
			La nature...voilà le grand mot lâché, celui qui 
			distingue radicalement le paysagiste du peintre et de l’architecte. 
			Le jardin se recompose sans cesse dans le temps ; il vit à ciel 
			ouvert et cousine avec le paysage ; il ne s’entend bien qu’avec ceux 
			qui connaissent son sol, son exposition, ses ressources en eau, les 
			végétaux qu’il accueille ; il leur demande d’anticiper sur ce qu’il 
			va devenir dans un an, dans deux, dans dix, dans vingt. En échange 
			de tant d’exigences, il offre de devenir un lieu comme nul autre, un 
			lieu où l’on est dehors et pourtant chez soi, un lieu de solitude et 
			de compagnie, un lieu qui change sans cesse tout en demeurant 
			lui-même, bref, un lieu qui nous ressemble. Sortir au jardin, c’est 
			entrer en nous-mêmes. Dangeau raconte que Louis XIV faisait de 
			longues promenades autour de Trianon, même par grand froid, dans le 
			brouillard, et alors qu’il était déjà vieux. Rousseau, avec sans 
			doute d’autres pensées en tête, traversait le parc d’Ermenonville 
			pour aller méditer devant le grand étang du Désert. À Suzhou, dans 
			la basse vallée du Yang-Tse, que soit au Wangshi Yuan ou au Zhuo 
			Zheng Yuan, sous les Ming ou sous les Qing, le sage se dirigeait 
			vers tel ou tel pavillon selon l’heure du jour ou l’aspect de la 
			Lune afin d’accorder ses pensées et son humeur avec l’aspect des 
			lieux.  
			Ce qui nous captive le plus, dans la relation 
			privilégiée que nous entretenons avec les jardins, c’est la capacité 
			que nous avons en commun de conserver notre identité au travers de 
			changements constants. Et même d’entrer de plain-pied dans 
			l’histoire pour trouver le repos dans la longue durée. Tout en 
			tressaillant au moindre coup de vent, un jardin peut incarner une 
			image de l’Italie au temps des Médicis, de la France du Roi Soleil 
			ou de la Rome impériale. Retrouver cette image est un plaisir 
			intellectuel qui donne de la substance à nos impressions de touriste 
			et qui enrichit nos souvenirs de voyage. Les jardins se lisent à 
			livre ouvert et leur sens apparaît à qui connaît leur histoire. À 
			Stourhead, tous les guides nous diront que le jardin fut créé 
			par Samuel Hoare, un banquier de Bristol et ils mettront l’accent sur 
			les nombreuses allusions à l’Éneide que l’on trouve ici et là 
			dans la statuaire et dans les fabriques ; ils ajouteront peut-être 
			que Turner a fait plusieurs vues des lieux dont une du magnifique 
			Panthéon dont le portique blanc se reflète dans les eaux sombres du 
			lac. Si nous en savons un peu plus, nous pourrons ajouter que le 
			souvenir du fils de Samuel Hoare plane encore sur les lieux ; jeune, 
			brillant, cultivé, il portait les espoirs de sa famille comme Enée 
			avait porté ceux de Rome, et il partageait avec son père une passion 
			pour Claude Lorrain. Parti pour l’Italie en quête de tableaux du 
			célèbre paysagiste, il fut victime d’une épidémie de peste et ne 
			revint jamais. Samuel Hoare, inconsolable, emprunta le dessin du 
			Panthéon à « L’Arrivée d’Enée à Delos », un tableau du peintre 
			français qu’ils aimaient tous les deux. Le malheur qui avait frappé 
			cette famille trouva ainsi un écho douloureux mais serein dans le 
			grand calme de la nature. 
			L’histoire des jardins, on le verrait aussi à 
			Sanspareil et à Schwetzingen, n’est pas toujours simple mais elle 
			ajoute beaucoup au plaisir intellectuel qu’ils nous donnent. Elle a 
			été marquée en Europe par deux traditions qui remontent à 
			l’Antiquité. Les Romains qui avaient toujours connu l’hortus, 
			le jardin clos de leur époque héroïque, l’opposaient aux parcs que 
			leurs généraux mettaient à la mode en rentrant de leurs campagnes en 
			Orient. En réussissant à marier ces deux traditions, Cicéron, Pline 
			et bien d’autres ont créé une forme d’art originale qui est parvenue 
			à respecter le caractère rural de leurs domaines, tout en les 
			embellissant par des statues et par des végétaux taillés – c’était 
			le travail du topiarius, maître dans l’art que nous appelons
			topiaire -, et tout en ménageant, depuis leurs bâtiments et 
			depuis leurs portiques, des vues sur le paysage environnant. Ces 
			trois caractéristiques se retrouvent dans cette merveille 
			d’équilibre qu’est le jardin italien de la Renaissance, tel que nous 
			le voyons aujourd’hui à Castello Ruspoli, à la villa Gamberaia, ou 
			dans les jardins français qui en sont dérivés, Ambleville par 
			exemple. 
			Les Européens ne sont pas les seuls à avoir fait des 
			jardins. Nous voyageons beaucoup aujourd’hui et nous en voyons 
			d’autres qui ne doivent pas grand-chose à Rome et à la Grèce. Il est 
			certain en effet que la Chine, le Japon et l’Islam ont développé 
			leurs propres formes de culture dans ce domaine. Encore faut-il 
			distinguer. L’Islam est moins loin qu’on ne pense de l’héritage 
			gréco-romain ; des traductions faites par les califes de Bagdad aux 
			IXe, Xe, XIe siècles ont familiarisé les savants de l’époque avec 
			les géomètres grecs et avec les agronomes romains. Les formes 
			strictes du jardin islamique, le calcul subtil des pentes pour faire 
			tinter l’eau, l’architecture aérienne des superbes pavillons que 
			l’on voit à Grenade, en Inde du nord ou en Perse, à Bagh-e Fin par 
			exemple, tout cela doit quelque chose à Euclide, à Thalès, à 
			Vitruve, et l’Européen s’y sent en pays de connaissance. 
			En revanche la Chine et le Japon demandent un 
			véritable effort de transposition intellectuelle. Nous sommes ici 
			dans un monde à la fois très moderne et très ancien. Très ancien 
			parce que la géomancie y tient une large place et que l’omnipotence 
			de la géométrie ne s’y est pas fait sentir, mais en même temps très 
			moderne pour cette raison même. L’écologie, en nous sensibilisant à 
			une approche plus fine et plus sensible de la vie de la nature, en 
			nous familiarisant avec les écosystèmes, nous incline à considérer 
			la nature autrement que comme une matière soumise que le bulldozer 
			travaille à pleine pelle. Le Land art et ses subtiles constructions 
			minérales est finalement très proche de l’art du jardinier d’Extrême 
			Orient qui laisse les racines d’un très vieil arbre construire un 
			écheveau de parcours aléatoires. Il suffit de se promener à Suzhou 
			ou à Kyoto pour se persuader que nous avons beaucoup à apprendre de 
			cette façon de laisser parler la nature et de dialoguer avec elle. 
			Évoquer les différentes traditions qui ont fait des 
			jardins de la planète ce qu’ils sont aujourd’hui, nommer les plus 
			représentatifs d’entre eux c’est faire en raccourci le grand voyage 
			auquel nous convient Alain Le Toquin et Jacques Bosser dans les 
			pages qui suivent. Hommes du XXIe siècle, ils savent bien que les 
			temps ne sont plus où l’on découvrait des grands jardins inconnus, 
			où François Bernier, envoyé de Colbert en Inde, s’extasiait devant 
			le Taj Mahal (alors tout juste achevé),  où Pierre Loti décrivait 
			l’Impératrice du Japon parmi ses dames d’honneur, longeant près du 
			palais un étang qui reflétait « en longues traînées adoucies , le 
			violet et l'orange, le bleu et le jaune, le vert et le pourpre de 
			leurs toilettes de fées ». Ils savent bien qu’aujourd’hui, 
			l’Extrême-Orient est accessible en une nuit d’avion et que nous 
			disposons de matériel photographique pour ramener des images à 
			domicile et revoir sans effort des merveilles que seuls les 
			écrivains décrivaient autrefois. 
			Les images essentielles ce sont celles qui révèlent 
			l’être d’un lieu et l’expression qui s’en dégage. Elles sont aux 
			jardins ce que les portraits sont au visage : elles captent le 
			moment où ils sont le plus eux-mêmes, le moment que nous voulons 
			prolonger. Nous sommes ainsi faits que nous aimons revivre l’instant 
			où le sentiment du beau nous a pénétrés. « That strain again », 
			« Rejouez ce passage » dit Orsino aux musiciens dans La Nuit des 
			Rois de Shakespeare.  
			
			Sachant 
			qu’ils mettraient sous les yeux du lecteur les images essentielles 
			des grands jardins et les textes qui en prolongent l’impact, Alain  
			Le Toquin et Jacques Bosser ont cherché à faire plus encore. Ils 
			nous montrent et nous décrivent des jardins moins connus parce 
			qu’ils demeurent hors des circuits les plus fréquentés ou parce 
			qu’ils sont très récents. Il y a bien sûr ceux d’Iran, mais aussi 
			l’étonnant Titoki Point garden en Nouvelle-Zélande et le non moins 
			étonnant jardin de cyprès chauves de Charleston en Caroline du Nord.
			 
			Et il y a aussi deux jardins magnifiques des grands 
			paysagistes de notre temps : Little Sparta et Portrack House, tous 
			deux dans le nord des Iles britanniques. L’un est un manifeste d’art 
			concret où les sculptures et les inscriptions trouvent des accents 
			humbles, tranchants, poignants, dans les profondeurs d’un mystérieux 
			bosquet et dans les vastes horizons des Pentland Hills ; l’autre est 
			un monument-poème savamment composé par un théoricien de 
			l’architecture qui inscrit les concepts de la physique et de la 
			génétique contemporaines dans les formes de la nature. 
			Ce livre est un voyage dans le temps, un voyage sur 
			toute la planète. C’est celui des jardins du monde. Michel Baridon, 2004 | 
			[English] The garden is one of 
			the most ancient of man's creations. The Bible presents it as the 
			cradle of humanity, and in most religions a garden is an important 
			part of the story of Creation. Because of their history, gardens 
			deserve a place of honor in our cultural pantheon, but they have no 
			such pretensions. A backyard brightened by a few daisies or a modest 
			vegetable patch is as much a true garden as an intricate formai 
			design that graces the landscape surrounding a palace. A veritable 
			Proteus, the garden surprises us with its perpetuai metamorphoses, 
			and yet it steadfastly maintains its traditional role, which is to 
			invite us to experience nature and to bid us enter for the pure 
			pleasure of being in its company. 
			Let us understand clearly what 
			we mean by simple things. One can be simple when one lives close to 
			nature; the farmer's vegetable garden, a lovely salad, a perfect 
			dahlia have their place, and this is as it should be. But the White 
			Garden of Sissinghurst Castle, an entirely different affair, is also 
			simple. Realizing that in the country a white flower takes one by 
			surprise with its brilliant purity, its creator, Vita 
			Sackville-West, intensified this effect by multiplying it within an 
			enclosed space. Those who love the simplicity of nature in the wild 
			will always appreciate this type of creation. The landscape gardener 
			takes the flower for what it is but at the same time transcends it 
			through their work as an artist. This difficult work is similar to 
			that of the architect or the painter, but with different materials. 
			Take painting and the decorative 
			arts. In Pompeii, flower bouquets were painted under the porticoes 
			that led to the garden; their fresh colors were preserved on the 
			walls when Mount Vesuvius buried the city in the first century A.D. 
			In the Middle Ages, fields of wildflowers pictured in. tapestries 
			spread a delicate lawn under the feet of lords and troubadours, and 
			the ornate embroideries of the Renaissance and the Baroque era were 
			decorated with colorful flowers and formai plantings reflecting the 
			charm of Villandry, Versailles, and so many other gardens of the 
			period. As landscape gardening spread throughout Europe, painting 
			was honored above ail the other arts. "Paint when you plant!" cried 
			Alexander Pope, the most eloquent partisan of the new style. In fact, 
			one has only to take a walk through Stourhead, in England, to see 
			how much the importation of foreign flora, notably those from the 
			Americas, has varied the palette of the landscaper. And what can one 
			say of the great gardens of the last two centuries whose baskets of 
			flowers and mixed borders, at the Bois des Moutiers, Apremont, and 
			elsewhere, were so often inspired by the instructions of Chevreuil, 
			the French chemist and color theorist who was also the scientific 
			authority for the Impressionists, especially Claude Monet. And 
			Monet, we must remember, never ceased shaping, planting, and 
			decorating Giverny in order to paint it over a period of more than 
			twenty years. 
			For a very long time, the work 
			of designing gardens was given to architects. Even today in France 
			the title of landscape architect (architecte paysagiste) is given to 
			students who pursue a career in garden design, whereas in England 
			the preferred term is landscape gardener. This discrepancy came 
			about because of differences in the great traditions of the two 
			countries, the former very attached to Andre Le Nôtre and his 
			carefully structured gardens, and the latter to Lancelot ("Capability") 
			Brown and the natural principles expressed by Alexander Pope. But 
			even Brown and other landscapers of the eighteenth century shaped 
			their gardens according to carefully drawn plans. Rejecting formai, 
			geometrie forais, the English landscapers dammed rivers to create 
			ornamental lakes, opened up the woods to allow light, moved great 
			rocks, set up waterfalls, and ail this to represent nature as it 
			actually is. 
			Nature - that is the word, the 
			one that distinguishes the landscaper from the painter and the 
			architect. The garden continually rebuilds itself with the passage 
			of time. It lives under the infinite sky and claims kinship with the 
			surrounding landscape; it gets along well only with those who know 
			its soil, its orientation, its water sources, and the plants it 
			favors. The garden asks these designers to look ahead to what it 
			will become in a year, in two, ten, or twenty years. In exchange for 
			so many demands, it offers to become a place like no other, a place 
			where one is outdoors yet at honte; a place of both solitude and 
			company; a place that ceaselessly changes but always remains itself. 
			In short, the garden is like us. To go into the garden is to enter 
			into ourselves. Philippe de Dangeau recounted in his memoirs that 
			Louis XIV used to take long walks around the Grand Trianon, even in 
			severe cold or in fog, even when he was an old man. Jean-Jacques 
			Rousseau, who was a very different individual, used to cross 
			Ermenonville Park to meditate by the Desert de Retz. At Suzhou, in 
			the deep valley of the Yangtze river-whether at Wangshi Yuan or at 
			Zhuo Zheng Yuan, under the Ming dynasty or the Qing-the sage would 
			make his way to a particular pavilion according to the hour of the 
			day or the aspect of the moon in order to harmonize his thoughts and 
			feelings with the appearance of the garden. 
			What is most striking with 
			regard to the special relationship we have with gardens is our 
			common ability to retain our identity through years of constant 
			change. Thus we can walk directly into the past to rest from the 
			long day. A garden will assume its place in the Italy of the Medicis, 
			in the France of the Sun King, or in Imperial Rome. To experience 
			these images is a great intellectual pleasure that gives substance 
			to our memories of a voyage. For those who know their history, 
			gardens read like an open book. At Stourhead the guides will tell us 
			that the garden was created by Henry Hoare II, a banker from 
			Bristol, and they will emphasize the many allusions to the Aeneid 
			that one fmds here and there among the statuary and in the little 
			garden buildings. They may also add that the great landscape artist 
			J. M. W. Turner painted several scenes at Stourhead, including the 
			magniflcent pantheon, whose white portico is reflected in the dark 
			waters of the lake. If we knew a little more, we could add that the 
			memory of Henry Hoare's son still inhabits these grounds. Young, 
			brilliant, and cultivated, he carried the hopes of his family as 
			Aeneas carried those of Rome, and he shared the enthusiasm of his 
			father for the paintings of Claude Lorrain. He sailed to Italy in 
			search of more works by the famous landscape painter but fell victim 
			to an epidemie of plague and never returned. His inconsolable father 
			borrowed the design of Stourhead's pantheon from Claude's painting 
			Landscape with Aeneas at Delos, a work by a French painter they had 
			both loved. The tragedy that struck this family still finds a sad 
			echo in the great stillness of nature. 
			The history of gardens is far 
			from simple, as the stories of Sanspareil and Schwetzingen 
			demonstrate, but complexity adds much to the intellectual pleasure 
			that the gardens provide. In Europe this history stems from two 
			traditions that have their roots in classical antiquity. The first 
			was the enclosed garden the Romans had cultivated, the hortus; the 
			second and opposing style was the garden park, which was made 
			fashionable by Roman generals returning from their campaigns in the 
			East. In marrying these two traditions, Cicero, Pliny, and many 
			others created an original art form that came to value the rural 
			character of their estates while embellishing them with statues and 
			plants that were cut and trimmed in a technique called topiarius, 
			what we know today as topiary. The Romans accomplished all this 
			while carefully creating the best views of the surrounding 
			countryside from their villas and their porticoes. One finds these 
			characteristics in marvelous balance in. the Italian Renaissance 
			gardens, such as those we see today at Castello Ruspoli and Villa 
			Gamberaia, or at the French version, Ambleville. 
			Europeans were not the only ones 
			to create gardens. Today, people who travel widely can experience 
			gardens that owe little or nothing to Greece and Rome. China, Japan, 
			and the Middle East developed their own cultural forms. However, the 
			gardens of Islam are not as far removed from Greco-Roman culture as 
			one might assume. The translations made by the caliphs of Baghdad in 
			the ninth, tenth, and eleventh centuries familiarized the scholars 
			of the era with Greek geometry and Roman agronomists. The strict 
			forms of the Persian garden - the careful calculation of slopes to 
			create the tinkling of running water, the aerial architecture that 
			one sees in Granada, Spain, in northern India, in Persia, or in Bagh-e 
			Fin, for example - all owe something to Euclid, Thaïes, and 
			Vitruvius. One senses the familiar and feels at home in foreign 
			lands. 
			
			To understand the gardens 
			of China and Japan, on the other hand, one must adapt intellectually 
			to their creation and their significance. You feel as if you are in 
			a place both ancient and modern - ancient because geomancy plays a 
			very important role and because one cannot feel the power of 
			geometry, although that is, ironically, what makes Asian gardens 
			seem modern to us. By imparting an awareness of a more thoughtful 
			and sensitive approach to nature, and in teaching us the complexity 
			of its Systems, the ecology of the Far East compels us to consider 
			nature in its own right, not as a material to be molded to our will 
			by a bulldozer or an asphalt spreader. The new Land Art and its 
			subtle constructions are close cousins to the art of the Far Eastern 
			gardener, who might leave the tangled roots of an ancient tree to 
			create their own wild path. Taking a walk through the gardens at 
			Suzhou or Kyoto is enough to convince us that we have much to learn 
			from this way of living with nature and letting nature speak for 
			itself. 
			To recount the different 
			traditions that have made the gardens of the world what they are 
			today, and to highlight the most representative among them, is to 
			take an armchair tour through the pages that follow in the capable 
			hands of Alain Le Toquin and Jacques Bosser. We of the twenty-first 
			century know well that the time for discovering great, unknown 
			gardens belongs to the past, as when François Bernier, the envoy of 
			Jean-Baptiste Colbert in India, marveled at the sight of the newly 
			built Taj Mahal, or when Pierre Loti described the empress of Japan 
			walking with her ladies-in-waiting at the edge of a pond that 
			reflected "in long, soft streaks the violet and the orange; the blue 
			and the yellow; and the green and the purple of their fairy 
			costumes." We also know that the Far East can be reached in a single 
			day by air, and that we have the means to capture and bring back 
			home the images that in former times could be conveyed only by the 
			writer's pen. 
			The essential images of a garden 
			are those that reveal the spirit of the place and its meaning. These 
			pictures are to gardens what portraits are to people: they capture 
			the moment when they are most themselves, the moment they wish to 
			prolong. People love to relive the beautiful moment or the feeling 
			they have just discovered. "That strain again," says Orsino to the 
			musicians in Twelfth Night. 
			
			Alain Le Toquin and Jacques 
			Bosser also take us to gardens that are less well known because they 
			are off the beaten path or because they have been created only 
			recently. These include, of course, those of Iran, the stunning 
			Titoki Point Garden of New Zealand, and the gardens of bald cypress 
			in Moncks Corner, South Carolina. Here as well are represented two 
			magnificent gardens of very recent vintage: Little Sparta and 
			Portrack House, both in Scotland. Little Sparta is a manifeste of 
			art in which sculpture and inscriptions radiate both humble and 
			trenchant meanings in the mysterious woods and thickets of Pentland 
			Hills. The other, Portrack House, is both a monument and a story 
			cleverly composed by an architectural theorist who expresses the 
			contemporary concepts of physics and genetics in the forms of 
			nature. 
			This volume is a voyage into 
			time, and a voyage around the planet. Let us go then to the gardens 
			of the world. 
			Michel Baridon, 2004 
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