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Alain Le Toquin

Photographe du patrimoine mondial naturel et culturel

World Natural and Cultural Heritage Photographer

Livres / Books

Mon travail / My work

Affiches panoramiques/ Panoramic posters

 

Michel Baridon (1926-2009)

Avant-Propos / Forewords

 

 

 

 

Jardins du monde

 

préface de Michel Baridon

textes de Jacques Bosser

Editions de La Martinière

260 pages, 198 photos

Revue de presse

 

 

The most beautiful gardens in the world

foreword by Michel Baridon

texts by Jacques Bosser

Abrams

260 pages, 198 images

Press coverage

[Français] Le jardin compte parmi les plus anciennes créations de l’homme. La Bible le présente comme le berceau de l’humanité, et la plupart des religions lui font une place dans leurs mythes des origines. Il pourrait, en raison de son grand âge, revendiquer une place d’honneur dans notre panthéon culturel ; mais il n’en fait rien car la prétention n’est pas son fort. Il peut apparaître dans un fond de cour qu’il égaie de quelques marguerites, ou à côté d’une petite ferme, sous la forme d’un carré de légumes, et ceci ne l’empêche nullement de se parer de broderies magnifiques pour installer un palais dans son paysage. Véritable Protée, il nous étonne par ses perpétuelles métamorphoses, et pourtant il reste toujours dans son rôle qui est de nous inviter à reprendre contact avec la nature et de nous laisser aller au pur plaisir d’être en sa compagnie.

Entendons-nous bien sur ce qu’on appelle des choses simples ; on peut être simple quand on reste le plus près possible de la nature : dans le potager d’une ferme, une belle salade, un beau dahlia sont à leur place, et c’est bien ainsi. Mais le jardin blanc de Sissinghurst, simple lui aussi, est une tout autre affaire. Sachant que dans la campagne une fleur blanche surprend par sa pureté presque insolente, Victoria Sackville-West a transposé cet effet et elle l’a intensifié en le multipliant dans un espace clos. Qui aime la nature dans sa simplicité première appréciera toujours ce genre de création : le jardinier-paysagiste prend la fleur pour ce qu’elle est mais en même temps, il la transcende par son travail d’artiste. Et ce travail est tout aussi difficile que celui de l’architecte et que celui du peintre auxquels il s’apparente de différentes façons.

Prenons le peintre. Déjà à Pompéi, des bouquets étaient peints à fresque sous les portiques qui menaient au jardin ; leurs couleurs fraîches sont restées sur les murs quand le Vésuve a pétrifié la ville au premier siècle de notre ère. Au Moyen Âge, le pré fleuri que l’on retrouve dans les tapisseries, déroulait son gazon délicat sous les pas des seigneurs et des trouvères ; les jardins réguliers de la Renaissance et de l’âge baroque s’ornaient de broderies multicolores qui font toujours le charme de Villandry, de Versailles et de tant d’autres jardins de cette époque ; quant aux jardins paysagers qui se répandirent dans toute l’Europe, ils mirent la peinture à l’honneur plus que tous les autres. « Peignez quand vous plantez ! » disait Pope, le plus éloquent peut-être des partisans d’un style alors nouveau ; et de fait, il suffit de se promener à Stourhead, en Angleterre, pour voir combien l’importation d’essences étrangères, américaines notamment a permis de varier la « palette » du paysagiste. Et que dire des grands jardins des deux siècles derniers dont les corbeilles de fleurs et les mixed-borders, au Bois des Moutiers, à Apremont et ailleurs dans le monde se sont souvent inspirées des instructions de Chevreul, le chimiste théoricien de la couleur qui fut aussi l’autorité scientifique des Impressionnistes, Monet en tête. Et Monet, faut-il le rappeler, n’a cessé de modeler, de planter et d’orner Giverny pour le peindre pendant plus de vingt ans.

Le mot même de modeler nous rapproche de l’architecte. Il nous rappelle que pendant longtemps ce sont les architectes qui ont dessiné les jardins, et qu’aujourd’hui encore le titre d’architecte-paysagiste est celui que l’Etat décerne aux étudiants qui se destinent à la création des jardins . Remarquons à ce propos que l’anglais dit landscape gardener, jardinier paysagiste et non architecte paysagiste, sans doute cause des différences entre les grandes traditions de nos deux pays, l’une très attachée à Le Nôtre et à ses jardins solidement structurés, l’autre à Brown qui lui, suivait le précepte de Pope. Mais Brown, lui-même, et avec lui tous les paysagistes du XVIIIe° siècle, ont largement modelé leurs jardins. Tout en jetant l’anathème sur les formes géométriques, ils ont barré des rivières pour obtenir des lacs, éclairci des bois, déplacé des rochers, ménagé des cascades et tout cela pour que la nature soit enfin elle-même.

La nature...voilà le grand mot lâché, celui qui distingue radicalement le paysagiste du peintre et de l’architecte. Le jardin se recompose sans cesse dans le temps ; il vit à ciel ouvert et cousine avec le paysage ; il ne s’entend bien qu’avec ceux qui connaissent son sol, son exposition, ses ressources en eau, les végétaux qu’il accueille ; il leur demande d’anticiper sur ce qu’il va devenir dans un an, dans deux, dans dix, dans vingt. En échange de tant d’exigences, il offre de devenir un lieu comme nul autre, un lieu où l’on est dehors et pourtant chez soi, un lieu de solitude et de compagnie, un lieu qui change sans cesse tout en demeurant lui-même, bref, un lieu qui nous ressemble. Sortir au jardin, c’est entrer en nous-mêmes. Dangeau raconte que Louis XIV faisait de longues promenades autour de Trianon, même par grand froid, dans le brouillard, et alors qu’il était déjà vieux. Rousseau, avec sans doute d’autres pensées en tête, traversait le parc d’Ermenonville pour aller méditer devant le grand étang du Désert. À Suzhou, dans la basse vallée du Yang-Tse, que soit au Wangshi Yuan ou au Zhuo Zheng Yuan, sous les Ming ou sous les Qing, le sage se dirigeait vers tel ou tel pavillon selon l’heure du jour ou l’aspect de la Lune afin d’accorder ses pensées et son humeur avec l’aspect des lieux.

Ce qui nous captive le plus, dans la relation privilégiée que nous entretenons avec les jardins, c’est la capacité que nous avons en commun de conserver notre identité au travers de changements constants. Et même d’entrer de plain-pied dans l’histoire pour trouver le repos dans la longue durée. Tout en tressaillant au moindre coup de vent, un jardin peut incarner une image de l’Italie au temps des Médicis, de la France du Roi Soleil ou de la Rome impériale. Retrouver cette image est un plaisir intellectuel qui donne de la substance à nos impressions de touriste et qui enrichit nos souvenirs de voyage. Les jardins se lisent à livre ouvert et leur sens apparaît à qui connaît leur histoire. À Stourhead, tous les guides nous diront que le jardin fut créé par Samuel Hoare, un banquier de Bristol et ils mettront l’accent sur les nombreuses allusions à l’Éneide que l’on trouve ici et là dans la statuaire et dans les fabriques ; ils ajouteront peut-être que Turner a fait plusieurs vues des lieux dont une du magnifique Panthéon dont le portique blanc se reflète dans les eaux sombres du lac. Si nous en savons un peu plus, nous pourrons ajouter que le souvenir du fils de Samuel Hoare plane encore sur les lieux ; jeune, brillant, cultivé, il portait les espoirs de sa famille comme Enée avait porté ceux de Rome, et il partageait avec son père une passion pour Claude Lorrain. Parti pour l’Italie en quête de tableaux du célèbre paysagiste, il fut victime d’une épidémie de peste et ne revint jamais. Samuel Hoare, inconsolable, emprunta le dessin du Panthéon à « L’Arrivée d’Enée à Delos », un tableau du peintre français qu’ils aimaient tous les deux. Le malheur qui avait frappé cette famille trouva ainsi un écho douloureux mais serein dans le grand calme de la nature.

L’histoire des jardins, on le verrait aussi à Sanspareil et à Schwetzingen, n’est pas toujours simple mais elle ajoute beaucoup au plaisir intellectuel qu’ils nous donnent. Elle a été marquée en Europe par deux traditions qui remontent à l’Antiquité. Les Romains qui avaient toujours connu l’hortus, le jardin clos de leur époque héroïque, l’opposaient aux parcs que leurs généraux mettaient à la mode en rentrant de leurs campagnes en Orient. En réussissant à marier ces deux traditions, Cicéron, Pline et bien d’autres ont créé une forme d’art originale qui est parvenue à respecter le caractère rural de leurs domaines, tout en les embellissant par des statues et par des végétaux taillés – c’était le travail du topiarius, maître dans l’art que nous appelons topiaire -, et tout en ménageant, depuis leurs bâtiments et depuis leurs portiques, des vues sur le paysage environnant. Ces trois caractéristiques se retrouvent dans cette merveille d’équilibre qu’est le jardin italien de la Renaissance, tel que nous le voyons aujourd’hui à Castello Ruspoli, à la villa Gamberaia, ou dans les jardins français qui en sont dérivés, Ambleville par exemple.

Les Européens ne sont pas les seuls à avoir fait des jardins. Nous voyageons beaucoup aujourd’hui et nous en voyons d’autres qui ne doivent pas grand-chose à Rome et à la Grèce. Il est certain en effet que la Chine, le Japon et l’Islam ont développé leurs propres formes de culture dans ce domaine. Encore faut-il distinguer. L’Islam est moins loin qu’on ne pense de l’héritage gréco-romain ; des traductions faites par les califes de Bagdad aux IXe, Xe, XIe siècles ont familiarisé les savants de l’époque avec les géomètres grecs et avec les agronomes romains. Les formes strictes du jardin islamique, le calcul subtil des pentes pour faire tinter l’eau, l’architecture aérienne des superbes pavillons que l’on voit à Grenade, en Inde du nord ou en Perse, à Bagh-e Fin par exemple, tout cela doit quelque chose à Euclide, à Thalès, à Vitruve, et l’Européen s’y sent en pays de connaissance.

En revanche la Chine et le Japon demandent un véritable effort de transposition intellectuelle. Nous sommes ici dans un monde à la fois très moderne et très ancien. Très ancien parce que la géomancie y tient une large place et que l’omnipotence de la géométrie ne s’y est pas fait sentir, mais en même temps très moderne pour cette raison même. L’écologie, en nous sensibilisant à une approche plus fine et plus sensible de la vie de la nature, en nous familiarisant avec les écosystèmes, nous incline à considérer la nature autrement que comme une matière soumise que le bulldozer travaille à pleine pelle. Le Land art et ses subtiles constructions minérales est finalement très proche de l’art du jardinier d’Extrême Orient qui laisse les racines d’un très vieil arbre construire un écheveau de parcours aléatoires. Il suffit de se promener à Suzhou ou à Kyoto pour se persuader que nous avons beaucoup à apprendre de cette façon de laisser parler la nature et de dialoguer avec elle.

Évoquer les différentes traditions qui ont fait des jardins de la planète ce qu’ils sont aujourd’hui, nommer les plus représentatifs d’entre eux c’est faire en raccourci le grand voyage auquel nous convient Alain Le Toquin et Jacques Bosser dans les pages qui suivent. Hommes du XXIe siècle, ils savent bien que les temps ne sont plus où l’on découvrait des grands jardins inconnus, où François Bernier, envoyé de Colbert en Inde, s’extasiait devant le Taj Mahal (alors tout juste achevé),  où Pierre Loti décrivait l’Impératrice du Japon parmi ses dames d’honneur, longeant près du palais un étang qui reflétait « en longues traînées adoucies , le violet et l'orange, le bleu et le jaune, le vert et le pourpre de leurs toilettes de fées ». Ils savent bien qu’aujourd’hui, l’Extrême-Orient est accessible en une nuit d’avion et que nous disposons de matériel photographique pour ramener des images à domicile et revoir sans effort des merveilles que seuls les écrivains décrivaient autrefois.

Les images essentielles ce sont celles qui révèlent l’être d’un lieu et l’expression qui s’en dégage. Elles sont aux jardins ce que les portraits sont au visage : elles captent le moment où ils sont le plus eux-mêmes, le moment que nous voulons prolonger. Nous sommes ainsi faits que nous aimons revivre l’instant où le sentiment du beau nous a pénétrés. « That strain again », « Rejouez ce passage » dit Orsino aux musiciens dans La Nuit des Rois de Shakespeare.

Sachant qu’ils mettraient sous les yeux du lecteur les images essentielles des grands jardins et les textes qui en prolongent l’impact, Alain  Le Toquin et Jacques Bosser ont cherché à faire plus encore. Ils nous montrent et nous décrivent des jardins moins connus parce qu’ils demeurent hors des circuits les plus fréquentés ou parce qu’ils sont très récents. Il y a bien sûr ceux d’Iran, mais aussi l’étonnant Titoki Point garden en Nouvelle-Zélande et le non moins étonnant jardin de cyprès chauves de Charleston en Caroline du Nord.

Et il y a aussi deux jardins magnifiques des grands paysagistes de notre temps : Little Sparta et Portrack House, tous deux dans le nord des Iles britanniques. L’un est un manifeste d’art concret où les sculptures et les inscriptions trouvent des accents humbles, tranchants, poignants, dans les profondeurs d’un mystérieux bosquet et dans les vastes horizons des Pentland Hills ; l’autre est un monument-poème savamment composé par un théoricien de l’architecture qui inscrit les concepts de la physique et de la génétique contemporaines dans les formes de la nature.

Ce livre est un voyage dans le temps, un voyage sur toute la planète. C’est celui des jardins du monde.

Michel Baridon, 2004

[English] The garden is one of the most ancient of man's creations. The Bible presents it as the cradle of humanity, and in most religions a garden is an important part of the story of Creation. Because of their history, gardens deserve a place of honor in our cultural pantheon, but they have no such pretensions. A backyard brightened by a few daisies or a modest vegetable patch is as much a true garden as an intricate formai design that graces the landscape surrounding a palace. A veritable Proteus, the garden surprises us with its perpetuai metamorphoses, and yet it steadfastly maintains its traditional role, which is to invite us to experience nature and to bid us enter for the pure pleasure of being in its company.

Let us understand clearly what we mean by simple things. One can be simple when one lives close to nature; the farmer's vegetable garden, a lovely salad, a perfect dahlia have their place, and this is as it should be. But the White Garden of Sissinghurst Castle, an entirely different affair, is also simple. Realizing that in the country a white flower takes one by surprise with its brilliant purity, its creator, Vita Sackville-West, intensified this effect by multiplying it within an enclosed space. Those who love the simplicity of nature in the wild will always appreciate this type of creation. The landscape gardener takes the flower for what it is but at the same time transcends it through their work as an artist. This difficult work is similar to that of the architect or the painter, but with different materials.

Take painting and the decorative arts. In Pompeii, flower bouquets were painted under the porticoes that led to the garden; their fresh colors were preserved on the walls when Mount Vesuvius buried the city in the first century A.D. In the Middle Ages, fields of wildflowers pictured in. tapestries spread a delicate lawn under the feet of lords and troubadours, and the ornate embroideries of the Renaissance and the Baroque era were decorated with colorful flowers and formai plantings reflecting the charm of Villandry, Versailles, and so many other gardens of the period. As landscape gardening spread throughout Europe, painting was honored above ail the other arts. "Paint when you plant!" cried Alexander Pope, the most eloquent partisan of the new style. In fact, one has only to take a walk through Stourhead, in England, to see how much the importation of foreign flora, notably those from the Americas, has varied the palette of the landscaper. And what can one say of the great gardens of the last two centuries whose baskets of flowers and mixed borders, at the Bois des Moutiers, Apremont, and elsewhere, were so often inspired by the instructions of Chevreuil, the French chemist and color theorist who was also the scientific authority for the Impressionists, especially Claude Monet. And Monet, we must remember, never ceased shaping, planting, and decorating Giverny in order to paint it over a period of more than twenty years.

For a very long time, the work of designing gardens was given to architects. Even today in France the title of landscape architect (architecte paysagiste) is given to students who pursue a career in garden design, whereas in England the preferred term is landscape gardener. This discrepancy came about because of differences in the great traditions of the two countries, the former very attached to Andre Le Nôtre and his carefully structured gardens, and the latter to Lancelot ("Capability") Brown and the natural principles expressed by Alexander Pope. But even Brown and other landscapers of the eighteenth century shaped their gardens according to carefully drawn plans. Rejecting formai, geometrie forais, the English landscapers dammed rivers to create ornamental lakes, opened up the woods to allow light, moved great rocks, set up waterfalls, and ail this to represent nature as it actually is.

Nature - that is the word, the one that distinguishes the landscaper from the painter and the architect. The garden continually rebuilds itself with the passage of time. It lives under the infinite sky and claims kinship with the surrounding landscape; it gets along well only with those who know its soil, its orientation, its water sources, and the plants it favors. The garden asks these designers to look ahead to what it will become in a year, in two, ten, or twenty years. In exchange for so many demands, it offers to become a place like no other, a place where one is outdoors yet at honte; a place of both solitude and company; a place that ceaselessly changes but always remains itself. In short, the garden is like us. To go into the garden is to enter into ourselves. Philippe de Dangeau recounted in his memoirs that Louis XIV used to take long walks around the Grand Trianon, even in severe cold or in fog, even when he was an old man. Jean-Jacques Rousseau, who was a very different individual, used to cross Ermenonville Park to meditate by the Desert de Retz. At Suzhou, in the deep valley of the Yangtze river-whether at Wangshi Yuan or at Zhuo Zheng Yuan, under the Ming dynasty or the Qing-the sage would make his way to a particular pavilion according to the hour of the day or the aspect of the moon in order to harmonize his thoughts and feelings with the appearance of the garden.

What is most striking with regard to the special relationship we have with gardens is our common ability to retain our identity through years of constant change. Thus we can walk directly into the past to rest from the long day. A garden will assume its place in the Italy of the Medicis, in the France of the Sun King, or in Imperial Rome. To experience these images is a great intellectual pleasure that gives substance to our memories of a voyage. For those who know their history, gardens read like an open book. At Stourhead the guides will tell us that the garden was created by Henry Hoare II, a banker from Bristol, and they will emphasize the many allusions to the Aeneid that one fmds here and there among the statuary and in the little garden buildings. They may also add that the great landscape artist J. M. W. Turner painted several scenes at Stourhead, including the magniflcent pantheon, whose white portico is reflected in the dark waters of the lake. If we knew a little more, we could add that the memory of Henry Hoare's son still inhabits these grounds. Young, brilliant, and cultivated, he carried the hopes of his family as Aeneas carried those of Rome, and he shared the enthusiasm of his father for the paintings of Claude Lorrain. He sailed to Italy in search of more works by the famous landscape painter but fell victim to an epidemie of plague and never returned. His inconsolable father borrowed the design of Stourhead's pantheon from Claude's painting Landscape with Aeneas at Delos, a work by a French painter they had both loved. The tragedy that struck this family still finds a sad echo in the great stillness of nature.

The history of gardens is far from simple, as the stories of Sanspareil and Schwetzingen demonstrate, but complexity adds much to the intellectual pleasure that the gardens provide. In Europe this history stems from two traditions that have their roots in classical antiquity. The first was the enclosed garden the Romans had cultivated, the hortus; the second and opposing style was the garden park, which was made fashionable by Roman generals returning from their campaigns in the East. In marrying these two traditions, Cicero, Pliny, and many others created an original art form that came to value the rural character of their estates while embellishing them with statues and plants that were cut and trimmed in a technique called topiarius, what we know today as topiary. The Romans accomplished all this while carefully creating the best views of the surrounding countryside from their villas and their porticoes. One finds these characteristics in marvelous balance in. the Italian Renaissance gardens, such as those we see today at Castello Ruspoli and Villa Gamberaia, or at the French version, Ambleville.

Europeans were not the only ones to create gardens. Today, people who travel widely can experience gardens that owe little or nothing to Greece and Rome. China, Japan, and the Middle East developed their own cultural forms. However, the gardens of Islam are not as far removed from Greco-Roman culture as one might assume. The translations made by the caliphs of Baghdad in the ninth, tenth, and eleventh centuries familiarized the scholars of the era with Greek geometry and Roman agronomists. The strict forms of the Persian garden - the careful calculation of slopes to create the tinkling of running water, the aerial architecture that one sees in Granada, Spain, in northern India, in Persia, or in Bagh-e Fin, for example - all owe something to Euclid, Thaïes, and Vitruvius. One senses the familiar and feels at home in foreign lands.

To understand the gardens of China and Japan, on the other hand, one must adapt intellectually to their creation and their significance. You feel as if you are in a place both ancient and modern - ancient because geomancy plays a very important role and because one cannot feel the power of geometry, although that is, ironically, what makes Asian gardens seem modern to us. By imparting an awareness of a more thoughtful and sensitive approach to nature, and in teaching us the complexity of its Systems, the ecology of the Far East compels us to consider nature in its own right, not as a material to be molded to our will by a bulldozer or an asphalt spreader. The new Land Art and its subtle constructions are close cousins to the art of the Far Eastern gardener, who might leave the tangled roots of an ancient tree to create their own wild path. Taking a walk through the gardens at Suzhou or Kyoto is enough to convince us that we have much to learn from this way of living with nature and letting nature speak for itself.

To recount the different traditions that have made the gardens of the world what they are today, and to highlight the most representative among them, is to take an armchair tour through the pages that follow in the capable hands of Alain Le Toquin and Jacques Bosser. We of the twenty-first century know well that the time for discovering great, unknown gardens belongs to the past, as when François Bernier, the envoy of Jean-Baptiste Colbert in India, marveled at the sight of the newly built Taj Mahal, or when Pierre Loti described the empress of Japan walking with her ladies-in-waiting at the edge of a pond that reflected "in long, soft streaks the violet and the orange; the blue and the yellow; and the green and the purple of their fairy costumes." We also know that the Far East can be reached in a single day by air, and that we have the means to capture and bring back home the images that in former times could be conveyed only by the writer's pen.

The essential images of a garden are those that reveal the spirit of the place and its meaning. These pictures are to gardens what portraits are to people: they capture the moment when they are most themselves, the moment they wish to prolong. People love to relive the beautiful moment or the feeling they have just discovered. "That strain again," says Orsino to the musicians in Twelfth Night.

Alain Le Toquin and Jacques Bosser also take us to gardens that are less well known because they are off the beaten path or because they have been created only recently. These include, of course, those of Iran, the stunning Titoki Point Garden of New Zealand, and the gardens of bald cypress in Moncks Corner, South Carolina. Here as well are represented two magnificent gardens of very recent vintage: Little Sparta and Portrack House, both in Scotland. Little Sparta is a manifeste of art in which sculpture and inscriptions radiate both humble and trenchant meanings in the mysterious woods and thickets of Pentland Hills. The other, Portrack House, is both a monument and a story cleverly composed by an architectural theorist who expresses the contemporary concepts of physics and genetics in the forms of nature.

This volume is a voyage into time, and a voyage around the planet. Let us go then to the gardens of the world.

Michel Baridon, 2004

 

© Alain Le Toquin   Contact alain @ letoquin.com